Séminaire Crisis Jeunes Chercheurs "Agentivité : Être et agir dans le monde. Interrogations à la croisée des savoirs" - Deuxième séance : mise en perspective historique

La deuxième séance du séminaire "Agentivité" sera l’occasion d’une mise en perspective historique de l’agentivité. À ce titre, nous aurons l’honneur d’accueillir deux interventions qui donneront lieu à une discussion :

- "La mise en scène de l’agentivité chez Sénèque selon une double conception" - Isabelle Pariente-Butterlin (Professeur, métaphysique et métaéthique analytiques, éthique, histoire de la philosophie moderne et contemporaine, IHP - UR 3276) 

L’agent est dans la situation de devoir articuler son action au monde. Le présupposé de mon analyse sera que les exemples constitués par les pièces de théâtre permettent de donner des exemples de situation et des exemples des réponses que les agents ont choisi de leur apporter. Il ne va pas de soi, bien évidemment, d’arracher ainsi les comportements des personnages à l’analyse littéraire. Pourtant, une constante difficulté dans la philosophie est d’interroger un répertoire d’actions dans l’épaisseur concrète de la situation effective des agents dans le monde. Ainsi cette étude ne prétend-elle pas apporter à l’analyse de Sénèque mais bien au contraire clarifier des interrogations liées à la représentation de l’action en prenant appui sur les situations construites par lui. L’histoire récente de la philosophie s’est attachée à distinguer deux types de causalité, à savoir une causalité comme initiative et une causalité comme guidage. Je montrerai leur présence et l'analyse qu'il est possible d'en proposer à partir de la philosophie stoïcienne.

- "Aristote et la puissance des contraires comme critère de distinction de l’agir" -  Joy Elbaz (doctorante, philosophie de l’action, philosophie ancienne, IHP - UR 3276) 

À partir de la conception aristotélicienne de la puissance rationnelle en tant que « puissance des contraires » (Topiques, Métaphysique Θ), cette intervention propose de clarifier un présupposé dont nous ne semblons pouvoir faire l’économie afin de donner droit à la conception du sujet en tant qu’agent, c’est-à-dire considéré spécifiquement comme détenant et exerçant un pouvoir d’initiative causale. En effet, Aristote caractérise la puissance des contraires par sa positivité et son ambivalence (Lefebvre, 2018). Ce faisant, la capacité d’auto-détermination de l’agent reposerait sur une indétermination première : faire et/ou ne faire pas. La question se pose donc de savoir si l’agent n’est pas en premier lieu celui qui aurait pu faire autrement. À ce titre, j’interrogerai la distinction que le concept de puissance des contraires permet d’introduire au sein de l’agir.