La sociabilité au cœur des enjeux démocratiques, Ingrid Tafere
Depuis quelques dizaines d’années, la notion de « crise » devient récurrente, colonisant les médias, les travaux de recherche, les lieux publics. L’économie est en crise, l’expertise est en crise, la démocratie est en crise. La famille. La société. La civilisation. Les choses vont mal, scandent les médias. Alors que d'un coté les procédures "participatives" et les débats publics se multiplient, le taux d'abstentionnisme dans les bureaux de vote est pointé comme problème récurrent, l'absence du "grand public" décrié, du "citoyen lambda ». Les publics peinent à se constituer, alors que les individualités se sclérosent, que les situations d’isolement social, de dépressions, de suicides au travail deviennent récurrentes …
Cette thèse se donne pour ambition de reprendre à nouveaux frais cette problématique déjà pointée au début du siècle par John Dewey, lors de son projet de fondement d'une nouvelle philosophie sociale, sous l’angle de la sociabilité et de la rencontre de l’autre.
Il s’agira d’une part d’exposer ici le résultat de travaux menés en sciences sociales pendant quelques années sur la démocratie délibérative au sein de dispositifs "de participation" des publics aux choix politiques, ayant mis en lumière le rôle de la sociabilité dans la construction de l’opinion et pour la constitution de soi en sujet politique. D’autre part, cet exposé fera état des recherches en cours (et hypothèses soutenues) sur les enjeux politiques et sociaux de la sociabilité et notamment son rôle fondamental pour la démocratie et la santé humaine.