Aristote et la valeur de l’art
Pierre Destrée (f.n.r.s. – Université de Louvain, Belgique)
« Aristote et la valeur de l’art »
Argument :
Lorsqu’ils s’interrogent sur la valeur qu’Aristote a pu reconnaître à l’art, les spécialistes hésitent entre deux réponses : soit cette valeur est de nature éthique (la musique et la tragédie ont pour but la formation morale des citoyens), soit cette valeur est de nature purement « récréative ». Après avoir réfuté ces deux réponses, je voudrais montrer que, en réalité, Aristote accorde une valeur prééminente à l’art, la « contemplation artistique » étant l’équivalent, pour l’ensemble des citoyens non-philosophes, de la « contemplation philosophique ». J’analyse tout d’abord le cas de la musique où Aristote défend l’idée que la musique « pour la vie de loisir » du citoyen doit consister en une telle « contemplation » ; je montre ensuite que l’on peut appliquer, mutatis mutandis, une telle lecture au cas de la tragédie et de la comédie.