Les notions de lieu et de milieu. Essai d’articulation des apports de l’histoire de la philosophie, de l’histoire des sciences, et de l’ergologie
Yves Schwartz :
« Les notions de lieu et de milieu.
Essai d’articulation des apports de l’histoire de la philosophie, de l’histoire des sciences, et de l’ergologie ».
*
Où sommes-nous ?
Question aujourd’hui étrange et pourtant bien naturelle. Dès l’origine, la philosophie s’est posée la question du lieu où sont les êtres physiques et notamment les êtres humains, traversant la cosmologie, la physique et la métaphysique. Interrogation qu’a poursuivi de manière critique la philosophie moderne de la nature, avec les rapports entre le lieu et l’espace. Et puis, avec les avancées des sciences, sciences de la nature et « sciences humaines », la formulation de la question du « où sommes-nous ? » s’est progressivement transformée en « dans quel milieu vivons-nous ? », la référence au vivre entrainant la pluralisation des lieux devenus milieux.
Aujourd’hui, avec la notion d’Anthropocène, la préoccupation d’un milieu commun à l’humanité entière oblige à faire tenir ensemble une double exigence : revenir à une notion où c’est l’humanité sans acception de différences qui est le sujet du « dans quel milieu vivons-nous et comment peut-on continuer à y vivre ? », sans pour autant ignorer que pour chaque être vivant, le milieu n’est pas le milieu commun mais celui que cherche à façonner et retravailler son activité.
Quelle anthropologie peut soutenir l’inéluctable diversification des milieux à vivre et le non moins indispensable respect d’un milieu commun dont, comme parties prenantes d’un universel humain, nous sommes tous comptables de l’avenir ?
Il nous semble que pour parcourir une telle question, le patrimoine philosophique, l’histoire des sciences et la démarche ergologique ont à coopérer utilement.