Regards sur le vieillissement, Isabelle Pariente-Butterlin
« Regards sur le vieillissement »
par Isabelle Pariente-Butterlin
Nous sommes la première société à n’avoir du vieillissement qu’une conception négative ; il est pensé comme une perte, un handicap ou une maladie dont on ne guérira pas. Une comparaison avec la conception antique de la vieillesse est, de ce point de vue, par le contraste qu’elle souligne, tout à fait parlante.
Or un tel constat demeure la plupart du temps impensé et informulé. Il a évidemment des conséquences sur le regard que nous portons sur les personne âgées et sur les interactions qui sont les nôtres avec elles, conséquences d’autant plus fortes qu’il demeure impensé. Il est possible de le mettre en évidence en interrogeant les lieux de relégation que nous leur réservons et qui disent à notre place ce que nous pensons d’elles.
Je procéderai donc à un effort de clarification de ces présupposés, qu’il est facile d’expliquer dans le contexte social qui est le nôtre et qui valorise la compétitivité et la rentabilité. La question devient dès lors éminemment politique. Il s’agit de savoir non seulement quelle place accorder aux personnes âgées, comment organiser leur présence dans notre société et dans notre démocratie, mais aussi comment rendre possible une modification du regard que notre société porte sur elles. En somme, il faut interroger jusqu’au modèle de la citoyenneté qui est le nôtre et que nous avons hérité des Lumières. Est-il devenu caduc ?