« Langage, signification et communication chez Aristote »

Jaime ARAOS, Pontifícia Universidad Católica de Santiago de Chile

« Langage, signification et communication chez Aristote »

Argument :

      La plupart des études portant sur la conception aristotélicienne du langage soulignent l’importance de la théorie de la prédication et plus précisément de ce qu’Aristote appelle le logos apophantikos, le discours apophantique, à savoir le discours qui se rapporte à la science et au problème du vrai et du faux, et relèguent au second rang cette autre classe de discours qu’Aristote appelle logos semantikos, locution assez complexe qui inclut principalement le discours ayant trait aux relations humaines, à la communication et à la persuasion (John Langshaw Austin parlerait dans ce cas de « locution performative » [performative utterance]). C’est, à l’évidence, dans ce cadre que se mouvaient les sophistes et les rhéteurs grecs et c’est dans ce domaine qu’ils manifestaient au plus haut point leur habileté, leurs arguments donnant naissance — comme l’a montré Pierre Aubenque — à la philosophie de Socrate, de Platon, et, surtout, d’Aristote.

        Cette communication entend montrer en premier lieu que le concept de logos, de discours, est peut-être trop étroit pour permettre une bonne compréhension de la théorie aristotélicienne du langage dans la mesure où il rend difficile d’établir des comparaisons ou de développer des analogies avec certaines formes de communication au moyen de la voix, dont usent les animaux et qu’Aristote expose notamment dans ses œuvres biologiques. En deuxième lieu, la communication se propose de souligner l’importance fondamentale que revêt la fonction pragmatique et communicative du discours dans la philosophie d’Aristote en analysant un certain nombre de textes de la Politique et de l’Éthique à Nicomaque, ainsi que certains textes de la Métaphysique, du De anima et de l’Organon. En troisième lieu, la communication tentera d’ébaucher une hypothèse au sujet de l’ordre et de la relation qu’entretiennent discours apophantique et discours sémantique (ou, à tout le moins, discours communicatif). Enfin, en quatrième et dernier lieu, on tentera d’avancer quelques conclusions quant à l’existence d’un lien étroit et positif entre la pensée d’Aristote et celle de certains sophistes et rhéteurs, en accord sur ce point avec ce qu’ont soutenu nombre de spécialistes de la philosophie grecque, parmi lesquels notamment certains français.

Ces séminaires sont organisés en collaboration avec le Centre d’études sur la pensée antique « kairos kai logos ».