« Aristote et la question du bien commun : problèmes et perspectives »

Résumé ou Présentation: 

Donald MORRISON, Rice University, Houston
« Aristote et la question du bien commun : problèmes et perspectives »

Argument :

      L’idée fondamentale qui se dégage de la notion aristotélicienne de bien commun peut être expliquée très simplement. D’après Aristote, une société politique est une association d’individus qui vivent et œuvrent ensemble en vue de vivre une vie bonne. Cette vie bonne pour tous, qui est la fin ou le but inhérent de toute société politique, et auquel les bons législateurs s’efforcent de parvenir, est le « bien commun ». Bien que dans ses lignes générales l’idée soit claire, les détails et les implications de cette idée fondamentale requièrent quelques éclaircissements.

        On peut assurément remarquer de prime abord que ce « bien commun » est commun à tous les membres de la polis (ou de quelque autre forme de communauté que ce soit) en tant qu’il est leur projet commun, autrement dit en tant qu’il s’agit d’un but qui leur est commun à eux tous en tant qu’agents [1]. Reste que nombre de considérations d’Aristote relatives au bien commun, à commencer par une expression fréquente qui semble être la seconde expression à avoir ses faveurs lorsqu’il en parle (to koinêi sympheron, « l’avantage mutuel »), suggère que le bien commun, au sens où il l’entend, est un bénéfice commun, autrement dit commun aux membres de la communauté en tant qu’ils en bénéficient, en tant que bénéficiaires, et non pas seulement en tant qu’agents, ou du moins non principalement en tant qu’agents.

        Cette communication se propose dans un premier temps d’examiner les relations et les tensions éventuelles qu’entretiennent ces deux aspects du bien commun. Deux interprétations sont en effet concurrentes pour rendre compte de ces deux aspects de la notion.

        Une première interprétation susceptible de refléter ces deux aspects de la notion de bien commun chez Aristote est la suivante :

            (1) Le bien commun est le bonheur de tous les citoyens.

        Une autre interprétation tout aussi plausible de la notion aristotélicienne de bien commun et susceptible également de rendre compte, mais en un sens différent, de ces deux aspects, est :

            (2) Le bien commun est le bonheur de la cité .

        Après avoir exposé ces deux interprétations, la communication se propose donc dans un second temps d’analyser les tensions existant entre ces deux conceptions du bien commun puisque, dans la mesure où le bonheur de tous les citoyens n’est pas nécessairement le bonheur de la cité, les deux interprétations ne sauraient être compatibles ni simultanément correctes.

 

[1]. J’utilise ici le terme « membre » au sens restreint : seuls les citoyens sont membres de la polis. Il suit de là que tous les habitants d’une cité ne peuvent pas être comptés au nombre des membres de cette cité. Ainsi, les esclaves et les résidents étrangers (les métèques) vivent effectivement dans la cité mais n’en sont pas citoyens. Ils vivent à l’intérieur des frontières de la cité, mais ne sont pas membres de la société politique.

Ces séminaires sont organisés en collaboration avec le Centre d’études sur la pensée antique « kairos kai logos ».

Date: 
Mercredi, février 6, 2013 - 18:00
Détails horaires: 
18:00-20:00
Lieu: 
Maison de la Recherche
Adresse: 
29, Avenue Robert Schuman
13100 Aix-en-Provence
France
Auteur(s) / Organisateur(s)hors IHP: 
Donald MORRISON, Rice University, Houston
Type de production: 
Organisation d'un séminaire
Codification AERES: 
INV
Année de la manifestation: 
2013