« Réfutation socratique et réfutation sophistique chez Platon »,

Résumé ou Présentation: 

Tomás CALVO, Universidad Complutense de Madrid,

« Réfutation socratique et réfutation sophistique chez Platon », dans le Colloque international de la Section méditerranéenne de la Société Platonicienne Internationale : La vérité : Platon et les sophistes

Argument :

        1. Chez Platon, la réfutation socratique constitue en elle-même une alternative radicale face à la réfutation rhétorico-sophistique. Elle doit, à mon sens, être envisagée et interprétée dans le cadre général d’une conception dialogique de la vérité et de la rationalité. Dans cette conception dialogique de la rationalité l’accord rationnel des interlocuteurs sera toujours considéré comme le meilleur signe et le meilleur critère de la vérité de ce qu’on accorde finalement dans le dialogue.

        2. De façon générale on peut dire que le dialogue socratique a son origine dans une situation de désaccord initial entre des interlocuteurs qui cherchent à parvenir à un accord rationnel. Or, pour entamer un dialogue il faut d’abord établir un accord préalable, et le point de départ pour la recherche de cet accord préalable se trouve, à son tour, dans une proposition de l’interlocuteur de Socrate qui est toujours introduite — logiquement et dialogiquement — comme une hypothèse. C’est cette hypothèse qui sera mise à l’épreuve par Socrate en vue de sa réfutation éventuelle.

        Dans la pratique socratique de la recherche de la vérité et de la réfutation on trouve comme éléments essentiels les idées d’accord et désaccord des interlocuteurs, aussi bien que les idées d’accord et désaccord de chacun avec soi-même. Et il faut prendre en consi­dé­ration la dimension dialogique de cet accord et désaccord personnels avec soi-même.

        3. La différence fondamentale entre la réfutation socratique et la réfutation rhétorico-sophistique est à chercher, selon Platon, dans le fait qu’elles poursuivent des objectifs absolument différents. La réfutation rhétorico-sophistique cherche à vaincre l’adversaire devant un auditoire, une foule qui est souvent passionnée et peu encline à la réflexion. Au contraire, le but de la réfutation socratique est toujours la recherche dialogique et réflexive de la vérité. C’est pour cela que Socrate rejette certains mécanismes fondamentaux de la réfutation rhétorico-sophistique comme : se moquer de son adversaire, lui faire peur ou recourir à l’accord et au témoignage de la foule. Aucun de ces trois procédés ne saurait contribuer à la découverte de la vérité.

        4. La réfutation socratico-platonicienne a en fin de compte pour caractère fondamental la « libération du plus grand des maux », lequel est, bien sûr, l’ignorance. Cette idée connaîtra son développement définitif chez Platon avec l’interprétation de la réfutation comme katharsis de l’ignorance. Et l’utilisation de l’idée de katharsis dans ce contexte se produira, à son tour, avec l’introduction du paradigme médical de la santé et la maladie, en sorte que l’ignorance en viendra à être considérée comme une maladie, pis encore, comme la plus grande maladie de l’âme.

        La façon dont le paradigme médical est introduit par Platon, comme la question de la nature et de l’origine de cette maladie dont la guérison est la réfutation, posent des questions pertinentes et complexes.

Ces séminaires sont organisés en collaboration avec le Centre d’études sur la pensée antique « kairos kai logos ».

 

Date: 
Dimanche, octobre 11, 2015 - 18:00
Détails horaires: 
18:00-20:00
Lieu: 
Maison de la Recherche
Adresse: 
29, Avenue Robert Schuman
13100 Aix-en-Provence
France
Auteur(s) / Organisateur(s)hors IHP: 
Tomás CALVO, Universidad Complutense de Madrid
Type de production: 
Organisation d'un séminaire
Codification AERES: 
COM
Année de la manifestation: 
2015