« Pseudoplatonica et histoire de l’Académie Ancienne : enjeux, résultats et perspectives »

Résumé ou Présentation: 

Marco Donato (Aix-Marseille Université, I.H.P., E.A. 3276) présentera une conférence sur le thème :

« Pseudoplatonica et histoire de l’Académie Ancienne : enjeux, résultats et perspectives »

Tous les écrits « apocryphes », les νόθοι, qui figurent dans les corpora antiques, connaissent plus ou moins le même destin : étudiés en marge des grands ouvrages dédiés à tel ou tel auteur, ils sont la plupart du temps traités comme des objets mystérieux, la prudence nécessaire à l’évaluation des phénomènes littéraires antiques se transformant parfois en une sorte de « blocage » qui ne permet pas de tirer de conclusions définitives à partir desquelles poursuivre son enquête. Le corpus de Platon nous transmet des dialogues inauthentiques et d'autres dont l'authenticité a été contestée, qui se voient souvent trop rapidement qualifiés de « Pseudo-Platon » (terme qui est devenu un véritable pseudo-auteur) ou « pseudoplatonica » : ces textes, à l'image des autres textes « apocryphes » de l’Antiquité, ont été constamment comparés aux œuvres authentiques – les γνήσιοι – principalement dans le but d’en certifier ou d’en nier l’authenticité, à chaque fois que cette dernière est mise en doute, ou bien encore de montrer les traces visibles de leur inauthenticité. 

Pourtant, à partir des années 2000, ces textes ont connu un formidable retour d’intérêt : les deux premières décennies du siècle ont vu la prolifération d’une série de nouvelles éditions, traductions et d’essais, qui proposent très souvent une approche originale. En laissant de côté le problème de l’authenticité, la plupart de ces études se proposent de replacer au centre de l’enquête l’analyse philosophique et littéraire des textes particuliers : on peut mentionner l’édition de Mark Joyal du Théagès (2000), les actes du colloque qui s’est tenu à Bamberg en 2003, publiés par Klaus Döring, Michael Erler et Stefan Schorn en 2005 chez Steiner (Pseudoplatonica), les traductions annotées des écrits attribués à Platon préparées par Francesco Aronadio (Dialoghi spuri di Platone, Torino 2008) et par Luc Brisson (Écrits attribués à Platon, Paris 2014), ainsi que de nouvelles éditions commentées de l’Épinomis (par Francesco Aronadio, Federico M. Petrucci et Mauro Tulli, Naples 2013), de l’Axiochos (par Irmgard Männlein-Robert et alii, Tübingen 2012) et de l’Hipparque (par Charlotte Schubert, Göttingen 2018) ; la recherche sur les « apocryphes » du corpus est désormais devenue une véritable partie des études platoniciennes. 

L’un des problèmes principaux posés par ce genre d’écrits est l’individuation de leur origine : les études récentes ont cherché de reconnaître dans ces dialogues des produits littéraires de l’Académie post-platonicienne. Si cette hypothèse est tenable, il est évident que les dialogues pseudoplatoniciens regagnent une valeur importante dans la reconstruction de l’histoire de la philosophie : les données dont nous disposons pour reconstruire la pensée et de l’activité de l’Académie Ancienne se limitent à une série de fragments et témoignages, qui présentent très souvent des difficultés d’interprétation. Reconnaître dans les pseudoplatonica un produit de l’école constituerait donc un instrument précieux pour intégrer nos connaissances sur une période encore en grande partie obscure de l’histoire de la pensée grecque ancienne.

Date: 
Mercredi, octobre 23, 2019 - 18:00
Détails horaires: 
18:00-19:30
Lieu: 
Maison de la Recherche
Adresse: 
29, Avenue Robert Schuman
13100 Aix-en-Provence
France
Auteur(s) / Organisateur(s): 
Type de production: 
Organisation d'un séminaire
Unité(s) de recherche: 
Histoire de l'ontologie et métaphysique
Vérité et langage
Art et politique
Codification AERES: 
COM
Année de la manifestation: 
2019